Mon
travail s'attarde à la réunion de trois grands genres présents
dans l'Histoire de l'Art : architecture,
paysage et figure humaine. Je m'intéresse à l'idée
de l'habitation et au sentiment du chez-soi. Cela se traduit par
l'apparition récurrente de l'image d'une maison qui
évoque celle où j'ai grandi. Je porte également un intérêt
pour le territoire québécois :
sa résilience et sa fragilité m'inspire. Je fais cohabiter le
portrait ou l'autoportrait avec mes paysages. Ils sont égaux, le lac
est personnage au même titre que le portrait. Les protagonistes sont
montrés dans un état de suspension, dans des compositions épurées
où la perspective est substituée au profit de la superposition.
Le
sentiment d'appartenance me liant au territoire géographique
demeure fondamental à mon travail de création. Cependant, cet
attachement tend à se modifier au fil du temps. Ainsi, j’œuvre à
créer des territoires métissés qui touchent l'imaginaire et le
souvenir. La perte de mon identité territoriale m'inquiète.
Pouvons-nous appartenir à plusieurs lieux en même temps ?
Les
acteurs apparaissent tels que
projetés dans la réalité tandis que les parties non-figuratives
incarnent l'inquiétude de la perte. Je privilégie comme approche le
dessin : graphite, crayon de couleur et aquarelle. Parfois,
j'utilise le collage pour mettre en relation le papier avec une autre
matière, comme le bois.
La
photographie m'est indispensable, car je peux reprendre les images
autant de fois qu'il m'est nécessaire pour créer des séries
d'images dans lesquelles l'image aérienne d'un lac, par exemple,
peut apparaître plusieurs fois dans différents contextes. La
collecte d'éléments m'est utile dans l'optique où je peux laisser
place au hasard de la rencontre, même si je travaille mes séries en
choisissant préalablement ce que je vais réaliser.